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mes mémoires

tôt, d’être resté trop en deçà de la vérité historique. Enfin, avec ma petite synthèse, la joie m’assaillit d’avoir tout de même donné la substance de quarante ans de recherches et de réflexions sur le passé de mon pays.

À l’occasion du « Prix Duvernay »

La Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, toujours généreuse, n’en décide pas moins de me décerner son « Prix Duvernay », prix d’action intellectuelle accordé chaque année à l’œuvre la plus méritante ou la plus serviable à la collectivité canadienne-française. La remise du prix ne s’accompagne point, à cette époque, de l’éclat dont elle se pare aujourd’hui. La cérémonie a lieu dans le salon de la Société en présence d’une cinquantaine d’invités. Reproduirai-je cette fois encore mon petit discours ? Il a valeur, ce me semble, de document historique sur les misères d’un historien à l’époque où j’ai vécu :

Le 10 décembre 1952
À L’OCCASION DU PRIX DUVERNAY

À la veille de mes soixante-quinze ans, j’aurai signé l’acte de naissance de mon 25e enfant. Les malins parleront, sans doute, de fécondité sénile et ce n’est pas votre humble serviteur qui leur donnera tort. Une circonstance atténuante apaise toutefois ma conscience ou mes scrupules, et c’est, oserai-je dire, en cette « prolificité intellectuelle », la complicité d’une grande dame, elle-même depuis déjà assez longtemps bellement centenaire. En avril 1950, j’écrivais à la première page du 1er volume de cette Histoire du Canada français, cette dédicace :

À la Société Saint-Jean Baptiste
de Montréal
qui a eu l’idée de ce cours d’Histoire
à la radio et qui en a fait généreusement
tous les frais.

Aux dernières pages du 4e volume du même ouvrage, j’ai encore écrit : « … cette synthèse de l’histoire du Canada français, je n’avais pas songé à l’écrire, du moins telle qu’en ces quatre volumes on l’aura pu lire. Elle est le fruit de circonstances fortuites. Un mécène, la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal, a sollicité cette œuvre et l’a rendue possible. »