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XII

DÉPOSITION
DE Mgr  JOSEPH CHARBONNEAU

Ce soir-là du 30 janvier 1950, je donne, à l’Ermitage Saint-Sulpice, la conférence d’ouverture des Journées d’études sacerdotales : journées qui devaient réunir des représentants de vingt-deux diocèses canadiens. À mon départ de chez moi, on me chicane quelque peu, à propos de ma soutane noire. On me dit : « Vous aurez devant vous votre Archevêque ; il vous a fait chanoine. Faut-il avoir l’air de mépriser sa décoration ? » La réflexion me touche. Je revêts mon costume de chanoine dont, grâce à Dieu, je n’ai jamais abusé. Arrivé devant mon public, je suis étonné d’y apercevoir si peu d’évêques : deux auxiliaires tout au plus : Mgr Percival Caza de Valleyfield et Mgr Jetté de Joliette. Pour représenter l’archevêché de Montréal, rien qu’un grand vicaire, Mgr Laurent Morin. L’Archevêque ne s’y trouve point. À cette heure même, un avion l’emporte par-dessus les Rocheuses, vers le Pacifique, à l’autre bout du Canada. Il ne reverra plus Montréal qu’aux jours de ses obsèques. Rome l’avait déposé de son siège archiépiscopal. Drame affreux dans la vie