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mes mémoires

trés de la doctrine nationale, libre, orthodoxe. Ainsi, dans un restaurant de l’ouest de la ville, « La Petite Chaumière », alors fréquenté par les étudiants, avait-il appelé Maxime Raymond, bientôt chef du Bloc populaire, à venir exposer quelques-uns de nos problèmes les plus urgents, à la jeunesse universitaire. En mars 1941, Jacques Genest, c’était lui, m’adressait la même invitation. Cette fois, il ne s’agissait plus d’une causerie, mais d’une journée entière d’étude sur nos problèmes nationaux. Dans la courte préface de la brochure Paroles à des étudiants, on trouvera quelques notes sur le petit événement. Mon jeune ami m’avait dit :

— Vous seriez le seul conférencier. Vous parleriez portes closes, sans journalistes. Nous pourrions vous questionner et discuter en toute liberté.

— Combien serez-vous ? avais-je demandé.

— Une cinquantaine au moins.

Ils vinrent cent des diverses facultés et écoles, quelques-uns même d’Ottawa et de Québec. Je les reçus chez mon ancienne voisine, siège social de la Fédération nationale Saint-Jean-Baptiste, coin Sherbrooke et Saint-André. On m’y ouvrit la maison le plus gracieusement du monde. Je dis la messe à ces étudiants. Presque tous communièrent. On prit le petit déjeuner debout. À neuf heures nous nous mettions au travail. Je leur avais dit ou écrit quelques jours auparavant : « Envoyez-moi des questions, vos questions. Je veux répondre à vos préoccupations actuelles, à vos soucis profonds. » De ces questions, je fis un choix, une coordination. Et j’entrepris deux causeries coupées ou terminées par des discussions prolongées à loisir par mes jeunes auditeurs. La réunion prit fin vers une heure de l’après-midi. Je n’avais parlé qu’à l’aide de notes. Tout de suite on me pressa de rédiger ces notes en vue d’une brochure qui devint, je l’ai dit, Paroles à des étudiants. Ces paroles, disais-je encore en mon mot de préface,