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II

QUELQUES APPARITIONS EN PUBLIC

Qu’il est difficile de se retirer du public quand on s’est laissé prendre par les deux pieds dans cette glaise. Je le dis sans mérite et sans ostentation. Le temps est tôt venu pour moi de rentrer dans le silence, la solitude. Dès mon départ de l’Université, il me paraissait que j’avais écrit et dit ce que j’avais à écrire et à dire. Il me répugnait de me répéter. On se fatigue d’entendre les plus beaux disques, de lire indéfiniment les plus belles pages. Qu’avait-on besoin d’entendre encore ma pauvre voix, d’arracher à ma plume tant d’encre par trop délayée ? À 89 ans tout près j’ai encore de la peine à défendre ma tranquillité. Est-ce manque d’idées, manque d’hommes dans les jeunes générations ? Je ne leur reconnais pourtant point cette magnifique humilité. Et voilà qui m’amène à parler de quelques-unes de mes sorties hors de ma solitude.

En 1952, il y avait grand branle-bas à Québec, un congrès, le 3e Congrès de la Langue française, y tenait ses assises. L’un des organisateurs et l’un de mes bons amis, Mgr Paul-Émile Gosselin, voulut absolument m’embrigader pour une séance du soir : la « Soirée de la jeunesse ». On l’avait fixé au 21 juin. Las de ces