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Notre Maître, Le Passé

des vieux ne pourra pas énerver tout-à-fait. L’attirance du foyer est si forte qu’il faudra une loi, sous le régime français, pour forcer les jeunes couples à s’en éloigner et à demander aux seigneurs de nouvelles terres. Du reste, la prédominance de trois ou quatre noms en chaque paroisse nous indique l’essaimage à proximité de la famille-souche canadienne. Relisez, par exemple, dans la « France aux colonies » de Rameau, le rôle de la compagnie de la côte Saint-Michel, tel que reproduit par l’historien : vous y verrez cinq familles primitives s’épanouir en plus de trente branches et garder tous leurs foyers dans un étroit voisinage.

Dans l’effroyable éparpillement que provoque, sous le régime français, l’expansion gigantesque de la colonie ; alors que toutes les familles ou presque fournissent des colons aux nouveaux établissements, des soldats aux garnisons et aux forts lointains, des officiers, des chefs aux nouveaux postes stratégiques, des canotiers aux trafiquants, le foyer continue de retenir, par des fils mystérieux et puissants, les nomades de la jeune race. Qu’une mort, qu’un mariage survienne, et, comme une troupe d’oiseaux migrateurs, l’on voit revenir des extrémités de la colonie, de Niagara, de Détroit, de Vincennes, les enfants dispersés qui accourent à l’appel de la maison.


Mesdames, Messieurs,


Je viens de vous décrire, bien imparfaitement hélas, la constitution et la vie de la famille canadienne d’autrefois. Chacun aperçoit, ce me semble, la grandeur du rôle qu’elle a tenu dans notre histoire.

Contre les guerres sans fin, contre les épidé-