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Louis-Joseph Papineau


L’homme politique


Pendant quelques semaines, à l’occasion du cinquantenaire de sa mort, son souvenir vient de nous occuper. Le 23 septembre 1871 Louis-Joseph Papineau décédait à son manoir de Montebello. L’heure où il disparut fut mauvaise pour sa gloire. Au peu de bruit qui se fit autour de sa tombe, nul n’eût soupçonné le rôle prépondérant tenu par l’homme sur près de quarante ans de notre vie publique.

Le chef avait survécu à tous ses lieutenants. « Il semblait que la mort le respectât. Le dernier et le plus grand de sa génération, il refusait de plier sous le poids des années », écrivait dans « l’opinion publique, » le 5 octobre 1871, M. L.-O. David. Papineau eut ce malheur suprême de survivre à son rôle, au besoin qu’on eut de lui. Trop adapté par son tempérament moral à une heure particulière de l’histoire, trop entièrement la personnification d’une époque, il était de ceux dont l’utilité ne se renouvelle pas. Au moment de sa mort, quatre ans après l’avènement de la Confédération, un souffle de pacifisme passait sur le pays. Les hérauts de la nouvelle hégire avaient crié si haut la fin des luttes de races que l’on s’efforçait d’y croire. Et Papineau, le lutteur irréductible prenait depuis longtemps figure d’anachronisme.

Déjà l’on jugeait sévèrement son passé politique, celui-là même où il avait tenu le premier rang. Après trente ans de vie parlementaire où