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Notre Maître, Le Passé

les gains positifs s’étaient dérobés, le chef du parti national parut un combattant stérile. Volontiers, à qui n’avait pu construire, on prêta une politique délibérément négative ; et le tragique dénouement de 1837 semblait justifier cette sévérité. L’attitude de l’ancien chef, à son retour d’exil, servit encore plus mal son mérite. Tant de choses avaient évolué, changé en son absence. Il refusa de se faire le collaborateur de ses anciens disciples ; il s’entêta dans son rôle de critique. En face des vainqueurs de la lutte constitutionnelle, Louis-Joseph Papineau apparut donc comme un boudeur de la victoire. Républicain doctrinaire, rentré de France avec des illusions démocratiques encore accrues, il se mit à entretenir pour la république voisine, un culte qui allait jusqu’à la démolition de nos frontières. Il commit une faute plus lourde. Son attitude peu patriotique s’aggrava de propos indiscrets sur la question religieuse. C’était déjà le moment où commençait à s’abattre sur notre province le malheur de luttes politico-religieuses longues et âpres. Bientôt on fit remonter jusqu’à lui la responsabilité des folles équipées d’une jeunesse tapageusement radicale. Et le manoir de Montebello ne fut pas loin d’apparaître comme le cénacle pervers d’où le redoutable mage du radicalisme soufflait la révolte à la jeune génération.

Tel il apparut descendant dans la tombe, au milieu du scandale de ses funérailles purement civiles. Tel il est resté pour nombre d’esprits qui n’ont jamais pris la peine d’observer de plus près son histoire. Cette histoire, nous voudrions l’esquisser à larges traits. La justice ne vient pas trop tôt après cinquante ans. À cette lumière nous examinerons, en ses diverses périodes, l’existence