pendant plus de vingt ans, par de multiples et folles dissolutions du parlement. Elle devra mesurer, ce qui est peut-être plus difficile, l’action subtile et lente d’une atmosphère où s’épandait le mépris, noter aussi l’effet des frottements quotidiens, des spectacles vexants où s’exaspéraient des sensibilités fines et fières. Ce court extrait d’une lettre de Papineau, cueilli au hasard, dira mieux ce que nous voulons dire. « Ces jours derniers, écrit-il à sa femme, le 31 décembre 1828, la Chambre s’est plusieurs fois ajournée à bonne heure, et cela fait que j’ai répondu à plusieurs invitations à dîner toutes anglaises. Eux seuls, dans Québec, ont le ton et la fortune nécessaire pour recevoir. Il n’y a pas une seule maison canadienne qui le puisse faire. Les ressources du pays sont dévorées par les nouveaux venus et, quoique j’aie le plaisir de rencontrer parmi eux des hommes instruits, estimables, qui me voient aussi avec plaisir, la pensée que mes compatriotes sont injustement exclus de participer aux mêmes avantages m’attriste au milieu de leur réunion et me rendrait le séjour de Québec désagréable. »
Quand l’histoire aura discerné tous ces éléments divers, pourra-t-elle reprocher au chef parlementaire, une volonté préméditée, une résolution froide de sortir des voies légales pour aboutir à une prise d’armes ? Nous croyons qu’elle hésitera beaucoup devant la masse des documents contradictoires. Si quelques paroles et quelques écrits déposent de façon inquiétante contre Papineau, sa correspondance mieux connue, plus révélatrice de sa pensée intime, ruinera bien des présomptions.
En l’automne de 1835, les jeunes carabiniers du fameux Adam Thom ont provoqué, dans Montréal, une scandaleuse échauffourée. Plusieurs,