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Les idées religieuses de Cartier



Il faut renoncer à mettre au front de l’homme d’État canadien une étiquette rigoureuse. Parmi les qualificatifs de gallican, de catholique libéral, d’ultramontain, de « programmiste », etc., qu’on se décoche avec une envie généreuse vers 1870, il ne s’en trouve aucun que Cartier mérite pleinement, à l’exclusion de tout autre. Non qu’il se tienne prudemment en dehors de tous les groupes et de toutes les coteries ; mais il n’est pas sûr qu’à son insu peut-être, il n’ait mis le pied dans tous les camps.

Définir un personnage aussi complexe, du point de vue religieux, n’est pas tâche facile. Nous allons essayer néanmoins, résolu à la franchise. Il importe de se garder de la légende, en appréciant les idées et la conduite religieuses de Cartier. Laissons au catholique sa taille réelle, sans la diminuer mais sans la surélever. Les apothéoses trop flamboyantes provoquent, plus tôt et plus vengeresses qu’on ne le croit, les représailles de l’histoire.

Qui ne saurait gré au « Fils de la liberté » de 1887 d’avoir traversé la tourmente sans y altérer sa foi ? Cartier est à ce moment un tout jeune homme, presque un clerc de la basoche. Quel péril de se laisser tourner la tête par la petite bourrasque d’anticléricalisme qui alors se déchaîne sur la province ! Plusieurs de ses jeunes compagnons, qui jouent comme lui aux petits jacobins, s’en sauvent plutôt mal. Le clergé refusait de chanter la nouvelle « Marseillaise »  : ils amassèrent contre