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Notre Maître, Le Passé

croyaient à la parfaite loyauté du contrat politique ? L’un des principes fondamentaux du pacte, n’est-ce point le respect des minorités dans toutes les provinces ? Oui, vraiment, nous croyons qu’en cette occurrence Cartier manqua de son habituel courage. Ses discours sur la question sont d’un laconisme qui fait honneur au debater au détriment du catholique. Nous aimerions un peu moins de réserve, moins de cette timidité, sinon de cette hâte fiévreuse, qui fait expédier une affaire gênante. Dirons-nous toute notre pensée ? Il nous déplaît, dans une affaire aussi grave, de voir l’homme d’État canadien se rabaisser presque à un rôle de politicien, quand il appartenait à sa gloire, à la noblesse hautaine de son caractère, qu’il se drapât dans une attitude cornélienne. Nous aimerions le voir avec la majorité de ses compatriotes qui se prononçaient pour le désaveu. Il lui appartenait à lui, l’homme qui avait fait triompher à la Conférence de Québec les droits des minorités, il lui appartenait, en une occasion aussi solennelle, de rappeler au parlement l’esprit libéral dont s’étaient inspirés ses collègues de 1864. Que valent en réalité les subterfuges derrière lesquels il se retrancha ? Le désaveu n’avait pas lieu d’être appliqué, disait-il, puisque les catholiques du Nouveau-Brunswick réclamaient des droits qu’ils ne possédaient point avant 1867. Puis, soutenait-il encore, l’intervention du gouvernement fédéral ruinerait du coup l’autonomie scolaire des provinces, et, par cette seule raison, les députés catholiques du Québec eussent dû être les derniers à favoriser une aussi périlleuse ingérence.

Eh oui, cher grand homme, lui répondra désormais l’histoire, le désaveu comportait des dan-