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Conclusion

notre survivance, aucune ne saurait être nommée qui n’appartienne à l’ordre moral, lequel relève de l’Église.

La volonté de rester nous-mêmes, qui l’a plus fortement affirmée que notre clergé ? Mgr Hubert, le deuxième évêque de race canadienne-française, appliquera, l’un des premiers, à notre groupe ethnique, le mot « nation ».[1] Ce sont nos évêques, nos prêtres qui redoutent le plus l’anglicisation parce qu’ils y voient une menace d’apostasie. À Québec c’est Mgr Hubert, à Montréal ce sont les Sulpiciens qui fondent les premières écoles bilingues pour arracher les écoliers canadiens-français aux écoles anglo-protestantes. C’est l’Église qui, la première, a vu le piège de l’Institution Royale et a fait écarter cette mainmise de l’église anglicane et de l’élément anglo-saxon sur notre enseignement public. Aujourd’hui encore n’est-elle pas la seule à mettre des entraves à la fréquentation des écoles et des universités de religion et de langue étrangères ?

Depuis la conquête, la famille canadienne n’a pas trouvé, non plus, de protectrice plus courageuse que l’Église. Qui ne voit, par exemple, que la prohibition des mariages mixtes protège non seulement la foi, mais notre homogénéité française ? Nos foyers, l’Église les défend chaque jour et presque seule contre les abus et les errements de toute sorte, en particulier contre le mal abominable du divorce. Et puisque, au témoignage de le Play, « les familles soumises à Dieu… sont la vraie force des nations libres et prospères », qui donc, en bonne vérité, oserait attribuer à d’autre que l’Église la conservation de cette force ?

Pour les mêmes fins elle a fortifié le cadre so-

  1. Mandements des évêques de Québec, t. I, pp. 392, 396, 397.