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Notre Maître, Le Passé

Jeanne Le Ber et Dollard sont les incarnations les plus parfaites de l’héroïsme militaire et religieux de Ville-Marie. Tous deux, le héros et l’héroïne s’apparentent fraternellement ; ils enseignent que l’ambiance morale se solidifie, et qu’imprégnée de vertus hautes, elle produit de l’humanité supérieure.


Ah ! puissions-nous songer que ces hommes et ces femmes furent de notre race et que ces souvenirs peuvent fortifier notre vie intérieure ! Aujourd’hui comme autrefois, nous devons garder le goût des postes périlleux ; contre la barbarie nouvelle, nous devons nous préparer aux sacrifices suprêmes pour la défense de la cité française ; pour que nos gestes soient continués, nous avons besoin de léguer à nos descendants la poussée des vertus héréditaires. Souhaitons que ces souvenirs nous affranchissent plus souvent du cauchemar et du matérialisme criard de la grande cité bruyante. Pieusement, comme des fils qui s’en vont vers les tombes familiales, nous conduirons nos esprits en pèlerinage au vieux Ville-Marie. Et là, dans l’évocation vivante de la petite cité militaire et mystique, devant le défilé des héros et des héroïnes au fier et doux visage, puissions-nous nous souvenir de quelle race nous sommes, et de quels devoirs.

Mai 1917.