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Page:Groulx - Notre maître, le passé, 1924.djvu/49

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Au Long-Sault

haut. Ils prenaient leur cœur à deux mains, ils tombaient à genoux, appuyés sur leurs fusils ; leurs yeux imploraient le ciel, et leurs doigts de combattants brûlés par la poudre remuaient les grains d’un chapelet. Ils priaient comme prient les martyrs ; ils prièrent ainsi tant qu’ils furent quelques-uns. Et quand vint le suprême assaut, ils se relevèrent pour combattre jusqu’au bout, pour combattre des deux mains, à coups d’arquebuse, à coups de pistolet et à coups d’épée ; jusqu’au bout, les chevaliers qui avaient prié, gardèrent leur serment de ne pas demander quartier, et ils tombèrent le visage haut, face à l’ennemi, agitant au bout de leur poignet la croix de leur épée.


Mesdames, Messieurs, nous qui sommes venus chercher ici une inspiration et peut-être un mot d’ordre, nous savons maintenant à quelles conditions, puisque l’histoire recommence, puisque l’âme de la Nouvelle-France est toujours assaillie, nous savons, à quelles conditions, de pareils sacrifices, de pareils gestes sauveurs resteront possibles. L’héroïsme français n’est d’aucun métier ni d’aucune profession. Parmi les jeunes hommes qui sont venus tomber au Long-Sault, dans une attitude de martyr, presque tous étaient des humbles et des obscurs, des petits ouvriers de France qui n’avaient que leurs bras et leur cœur. S’ils ont été si grands, c’est que, de leur race, ils ont élevé, jusqu’au plus haut point, les meilleures vertus, les plus parfaites hérédités : le courage ardent, le don absolu de soi-même, dans une pensée de foi sublime. Faisons que chez nous survivent les meilleurs éléments de l’humanité ; défendons, gardons intacte notre âme latine et chrétienne ; vous, surtout, jeunes gens, qui êtes responsables de l’ave-