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Notre Maître, Le Passé

Voilà les deux découvreurs : le premier, qui étouffe dans l’aire des méditerranées américaines, c’est tout naturellement un Jésuite, le Père Jacques Marquette ; et l’autre, ce jeune homme à qui ne suffit pas l’atmosphère de l’acropole québécoise, c’est Louis Jolliet et, non moins naturellement, un élève des Jésuites.

Ils s’en vont à la découverte du mystérieux Mississipi. Ils devaient chercher un passage vers la mer de Chine, par la rivière qui se décharge à la mer Vermeille ou Californie, ou tâcher d’atteindre deux royaumes limitrophes du Canada où l’on disait exister des mines d’or fabuleuses. Jolliet est chargé de cette exploration par le sieur Talon et par le comte de Frontenac. L’honneur est grand, en ce temps-là, d’être choisi pour ces suprêmes aventures. « La joye que nous avions d’être choisis pour cette expédition, » a écrit le Père Marquette, « animait nos courages et nous rendait agréables les peines que nous avions à ramer depuis le matin jusqu’au soir ».

Que sait-on alors du Mississipi ? On en connaît l’existence ; à part cela, peu de notions précises. À ses hautes sources, le fleuve, par son cours même, dessine sur la carte, un immense point d’interrogation. C’est alors l’énigme passionnante sur laquelle se penchent explorateurs et missionnaires. Les Indiens en parlent comme d’un fleuve mystérieux, presque enchanté. Jean Nicolet avait navigué sur le Wisconsin dès 1639. Aux récits de Jean Nicolet, le Père Paul Le Jeune rêvait en 1640 d’une expédition de ce côté : « Ce serait, dit-il, une entreprise généreuse d’aller découvrir ces contrées »… Les Pères d’Ablon et Allouez allaient, en 1670, prêcher l’Évangile aux Illinois. Et même le Père d’Ablon se proposait de tenter