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Page:Grout - Passage de l'homme, 1943.djvu/161

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XXIII


L’hiver passa, et puis le printemps, et puis l’été, et ce fut de nouveau l’automne, un autre hiver, un autre printemps, un autre été. Il m’avait bien fallu dire aux gens qu’un petit enfant était né, et déjà mort, et que Claire ne reviendrait pas. Mais quant à l’Homme, et à son doute qu’il existât des Iles, il m’était impossible d’en parler. Et je cachai aussi la visite du vieux. Un tel espoir vivait au cœur de tous que c’eût été péché de ne pas l’entretenir. La vérité ? La vérité, Monsieur, ce n’est pas toujours de dire les choses qui sont. Et puis, ce long voyage de l’Homme, qui pouvait en savoir la fin ? Dans le village, ils attendaient. Ils attendaient que l’Homme revînt, et c’est lui qui serait leur prêtre : ils n’en savaient pas d’autre, ils n’en voulaient pas d’autre.

Quand nos grandes misères furent passées, qu’il fut bien sûr que nous étions gens sains et décidés à vivre, le Curé des Collines des-