Page:Grout - Passage de l'homme, 1943.djvu/49

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
47
PASSAGE DE L’HOMME

sûr qu’il y a des Iles », et tous deux en parlèrent ce soir-là comme s’il les avaient visitées.

Celui des Hauts disait : « Alors, dans ces pays, comme de raison, il y a meilleur temps qu’ici ? »

— Oui, disait l’Homme, le temps qu’il faut, tout juste assez de soleil et tout juste assez d’eau. Les moissons sont belles chaque année et ce sont les mêmes grains qu’ici, et ce sont aussi les mêmes fruits, mais leur goût est plus délicat. C’est comme la neige (car il tombe de la neige là-bas, pendant deux mois, et jour et nuit) elle est d’un blanc dont on n’a pas idée. On dit ici : blanc comme la neige ? Si un des Iles venait chez nous, et qu’on lui dise : blanc comme la neige, et que ce soit la neige d’ici, ça lui ferait le même effet que si à nous quelqu’un disait : blanc comme la laine, ou bien encore : blanc comme la marnière des Hauts Champs. Et vous savez comme la laine, et la marne, c’est jaune et sale devant la neige ! Un arbre en fleurs, un cerisier en fleurs, c’est là-bas un rire dans le ciel, oui, ça rit de tous les côtés. Et le ciel est d’un bleu profond, qu’on ne peut pas dire. La nuit, les étoiles sont plus proches et comme toutes mouillées de lumière. Les nuits de là-bas, à ce qu’on dit, c’est comme si