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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/140

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Germaine Guèvremont

Leurs paroles s’enfoncent en son cœur comme autant de coups de glaive.

— Émérence ! mais qu’as-tu donc, Émérence ? Elle fait la toile. Vite, Hercule, de l’eau froide, du vinaigre !

***

Pendant qu’Élodie triomphe d’assister à la grande soirée de Bruimeville, Mademoiselle Émérence, seule dans la maison, ses lettres d’amour étalées devant elle, vient de prendre une grande résolution : elle écrira à son amoureux d’autrefois. Personne ne réussira à ébranler sa foi en lui. Et la plume tremble entre ses doigts tandis qu’elle trace le nom de l’aimé :

« Parfait,

Vous n’avez pas cinquante ans, c’est impossible. Pour moi vous aurez toujours vingt ans. N’est-ce pas hier ou ce matin que je vous écrivais, à propos d’une discussion sur le spleen : « Le bleu, c’est d’entendre les hommes appeler lâcheté le courage de rester au foyer, d’ignorer le mot bonheur, en comprenant le sens du mot devoir ». Et vous me répondiez : « le bleu, c’est de voir nos belles