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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/145

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En Pleine Terre

qui a affronté tous les malheurs sait qu’un jour ou l’autre elle appellera le secours de la parole évangélique. Il attend patiemment que l’heure sonne d’elle-même.

Dès le pas de la porte, il entame la conversation :

— J’ai su que vous aviez fait chantier récemment : vos hommes ont coupé le bouleau d’argent au bout du domaine ?

— Eh ! oui ! monsieur le curé.

— Pour quelle raison, puis-je vous demander, avez-vous fait abattre un si bel arbre ?

Mademoiselle Émérence, mains jointes, yeux bas, répond d’une voix à peine perceptible :

— Il nuisait, monsieur le curé.

***

Un grand silence épais comme la brume automnale tombe sur eux et les gêne tous les deux. Le curé sait bien que l’arbre était sain et à sa place.

Mademoiselle Émérence soulève un pan du rideau pour mieux regarder l’éclaircie,