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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/147

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LES DEMOISELLES MONDOR


Déi Mondor se mourait.

À bout de souffle, il fit signe qu’il voulait parler. Aussitôt ses deux filles se précipitèrent auprès du lit. À l’aide d’une plume qui trempait dans un bol d’eau l’aînée humecta les lèvres du malade.

Comme un mauvais vent les mots sifflèrent entre les dents du mourant :

— Soyez pas inquiètes, les petites filles : je vous laisse en moyens. Gardez Pansu le Survenant avec vous deux au moins jusqu’après les récoltes ; il est de service et il connaît toutes nos pratiques.

— Parlez pas tant, père Mondor, vous êtes navré, lui conseilla la Belle-Emma qui allait aux malades dans toutes les familles à l’aise de la paroisse et dont le nom était le reliquat d’une jeunesse aventureuse.

À partir de ce moment, le vieux entra en agonie. Transfiguré, les traits rapetissés et