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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/148

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Germaine Guèvremont

la vue rivée à un angle du plafond, il semblait, déjà rendu dans les régions de l’Infini, contempler quelque terre prodigieusement féconde.

Les planches du parquet craquèrent quand la Belle-Emma se déplaça pour dire à sa voisine :

— Il vaudrait mieux éloigner les Demoiselles : le bâille de la mort s’en vient.

***

Sèches et ossues, jaunes de teint, Ombéline et Énervale, les filles à Déi Mondor avaient passé fleur depuis longtemps : elles approchaient de la soixante. À cause de la dignité de leur maintien et d’une réserve exagérée dans leurs relations avec le voisinage, on ne les nommait pas autrement que : les Demoiselles. Depuis qu’elles avaient l’âge de connaissance, une disparité de caractères — Ombéline était violente à l’excès contrairement à Énervale, douce de son naturel — les faisait se détester à la petite haine, grugeuse et quotidienne.

L’installation de Pansu dans la maison des Mondor avait été un événement. D’ac-