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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/17

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En Pleine Terre

tien de dépenser tant que ça, réfléchit la mère Beauchemin, scandalisée.

Et tout bas, Alphonsine ajoute doucement :

— Quand j’ai vu venir le temps des fêtes, il m’a pris un ennui…

Marie-Amanda, impuissante à traduire sa joie, se contente de dire :

— Avoir su que tu reviendrais pour le réveillon, j’aurais pas mis tant d’ail dans le rôti.

L’aïeule reprend :

— Didace attendait des survenants, mais Amable comptait jamais sur une survenante.

Amable n’a pas prononcé une parole mais il n’a qu’une question au cœur. Et voici qu’Alphonsine d’elle-même apporte la réponse ardemment attendue :

— Je reviens pour toujours si tu n’as pas changé d’idée.

— « Bondance » ! non !

Tout le monde rit tandis qu’Amable accourt au poêle. Il tisonne et tisonne pour que personne ne voit ses larmes qui tombent sur la braise vive.

Et chauffe, le poêle, chauffe !