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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/43

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En Pleine Terre

rait certes entraînée loin si sa grand tante, méticuleuse et craintive, ne lui eut rappelé de se hâter, « Déjà, » affirmait-elle, « on entendait le bruit des voitures que les hommes sortaient des remises, dans les environs. »

***

À dix heures sonnant, les mariés et leur suite entrèrent de l’église. La parenté arrivait, en voiture légère, d’un peu partout. Il en vint de cinq lieues à la ronde : des oncles, des tantes et des cousins, germains et issus de germains, de toutes les sortes ; des vieux, des moins âgés et des tout jeunes ; des gros, des maigres ; des verbeux et des taciturnes ; des femmes plantureuses et d’autres si sèches que le moindre coup de vent les aurait jetées à terre. Tout le monde entourait le jeune couple et complimentait tant Amable de son bon goût que la mariée de sa robe de mousseline de soie d’un gris colombe qui faisait ressortir son teint de bouton de rose.

À peine revenue de l’église, Mathilde Beauchemin prit, seule, l’allée pierreuse qui mène au four à pain. Avant d’en ouvrir la