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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/5

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CHAUFFE, LE POÊLE !


L’éclaircie qu’il a raclée à l’aide de ses gros ongles et élargie à la chaleur de son souffle, dans le frimas qui engivre la vitre, permet à Amable Beauchemin d’observer les choses du dehors. Assis près de la fenêtre il suit des yeux, sans les voir, les charrois de bois qui défilent lentement sur le chemin du roi. À l’encontre de son naturel, le jeune paysan ne songe pas à estimer les « billots » de liard et d’orme, pas plus qu’à gourmander le chien qui jappe sans raison : il est tout à sa peine. Le soir tombe en bleuissant la nappe de neige dressée sur la commune et l’échine des montagnes, tantôt arrondie au creux du paysage, se confond maintenant à la plaine. Noël approche. Encore quelques heures et toute la famille appareillera pour la messe de minuit. Sauf Amable, indifférent aux préparatifs d’usage.

Deux fois déjà Éphrem, le cadet, a rem-