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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/76

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Germaine Guèvremont

« Le samedi suivant, je m’adonnais à passer par le Petit Fort quand je rencontre une connaissance qui me dit : Paraît que tu manges de ce qui porte plume, à c’t’heure ?

— Qui c’est qui t’a parlé de ça ? que je demande.

« Devinez qui ? Mes vieux ! devinez qui ! Le garde-chasse ! Et par-dessus le marché, y avait conté devant toute la compagnie, à l’hôtel, qui si jamais j’me vantais de manger rien de ce qui porte plume, il me ferait payer l’amende ».

Et au seul plaisir d’avoir raconté l’histoire, le vieux riait à s’en tenir les côtes. Les jeunes s’amusaient à le faire endêver.

— C’est-ti l’automne que vous aviez tué rien que des sourds ?

— J’vas vous en faire des sourds sus la caboche, mes drôles.

— Du lièvre à deux pattes, il m’est arrivé d’en tirer, disait l’un.

— Ah ! c’est pour ça, je suppose, que tu nattes tes mitasses ?

— Des fois, par miracle, que la loi changerait. Il faut se tenir prêt.

Ils se taquinaient sans apporter le moindrement de malice à leurs propos.