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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/77

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En Pleine Terre

Didace ne disait rien. Il regardait autour de lui comme s’il voyait les choses pour la première fois. Le soleil descendait lentement en arrière de l’île de Grâce. Le Grand Peintre ne ménageait pas les couleurs ; tout son ciel en était irisé. Une nuée d’oiseaux tournaient en rond au-dessus de l’île Pelote. À la rivière dont il connaissait les moindres méandres, le poisson en jeu sautait à tout moment, et la berge éventrée montrait une terre bleue et grasse, prometteuse d’abondantes récoltes.

Bientôt une couvée de jeunes canards abordèrent sur la grève. La cane, au train fin, se hâtait de les rejoindre. Didace tira de sa poche quelques grains que les canetons s’empressèrent de picorer. Soudain il s’amusa à imiter le sifflement du jars, puis il écouta. De tous les parcs à canards environnants, les canes répondirent à l’appel :

— Coin, coin, coin…

Jamais chant plus doux n’avait caressé l’oreille du chasseur.

***