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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/8

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Germaine Guèvremont

car votre amant
va venir demain.

S’il vous embrasse,
faites la grimace…


— Alix !

À peine a-t-il esquissé un geste de colère qu’Amable retourne à son chagrin. L’an dernier, à pareille date, il n’était pas à se manger les sangs ainsi puisque son amie, Alphonsine Ladouceur, l’institutrice du rang, avait consenti à l’accompagner à la messe de minuit. Avait-il assez recommandé à Amanda de soigner le réveillon et de mettre cuire à part un morceau d’échinée pour sa blonde qui n’aimait point l’ail ?

Phonsine ! Toujours Phonsine !

Comme il s’était inquiété de la voir refuser la grande chape d’étoffe du pays, même la crémone dont toute fille raisonnable s’atourne par les grands froids, et accepter seulement, en se faisant prier, la maigre protection d’un nuage de laine enroulé autour de son chapeau de la grosseur du poing ! Ah ! la Phonsine ! si belle, si vaillante !

Sur le dernier coup de onze heures, dans