longues, trottine ici et là tout en déplorant qu’on ne fasse plus de pralines comme dans son jeune temps.
Marie-Amanda veille à l'ordre de toute la maison : elle veille à protéger les laizes de catalogne sur le plancher frais lavé et les ronds de tapis neufs — elle-même donne le bon exemple en marchant sur ses bas — elle veille aux armoires bien rangées, au poêle qui reluit, elle veille à tout. Pensivement elle s’abandonne à la fatigue. Depuis le commencement des avents en a-t-elle donné une bourrée à l’ouvrage ! Mais elle se redresse hâtivement : le pain de Savoie menace peut-être de brunir ou c’est le rôti qui gratine un peu fort au fond du vieux chaudron. Une vraie fille accomplie, Marie-Amanda. Agréable à l'œil. Fiable. Franche du regard, avec un cœur d’or ouvert au malheur d’autrui et fondant de joie à la seule évocation du retour de son amoureux, Ludger Aubuchon, navigateur de goélettes. Sa petite sœur Alix s’en doute fort qui ne cesse de fredonner :
Mademoiselle
mettez-vous belle