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Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/88

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Germaine Guèvremont

glaces peuvent partir d’un moment à l’autre et vous allez périr.

— T’as p’t’être raison, Tit-quienne, répondit Didace, songeur.

— À part ça, vous chassez en temps défendu. Vous vous exposez à payer l’amende, le diable et son train. Puis votre fusil, saisi…

— … Oui… oui… mon fusil saisi, répétait distraitement Didace.

Mais depuis un moment, il n’écoutait plus. L’œil rond sous d’épais sourcils embroussaillés, il était uniquement occupé à suivre une bande de canards sauvages qui volaient vers sa cache.

— Baisse-toé, Tit-quienne, dit-il à mi-voix.

Instinctivement le garde-chasse, un ancien chasseur, s’écrasa au fond du canot. Le père Didace eut juste le temps d’épauler son fusil. Pan ! pan ! six beaux noirs tombèrent dans ses « plants ».

Et Didace reprit la conversation :

— Tu disais, Tit-quienne ?