Aller au contenu

Page:Guèvremont - En pleine terre - paysanneries - trois contes, 1942.djvu/97

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
99
En Pleine Terre

ble d’abord mais qui bientôt se précisa en des pas d’homme marchant à pleines foulées. Qui donc, sauf le garde-chasse, s’aventurerait dehors par une température semblable ? D’une voix étouffée, Jérémie questionna à la ronde :

— Quelqu’un de vous autres a-ti chassé ?

Aucun d’eux n’avait même pas songé à « dégraisser » son fusil.

Rassuré, il reprit son sang-froid.

— Entrez !

— Salut, la maisonnée !

Ce fut seulement à sa voix qu’ils reconnurent Ludger, le cavalier de Marie-Amanda, tant son visage rougi et ruisselant ne se distinguait guère du surtout et du suroît huilés. Ils étaient bien un peu mécontents de s’être ainsi mépris, mais le premier moment passé, c’était à qui lui ferait le meilleur accueil. Au dire de Madame Beauchemin, il n’avait pas « formance de monde ». De bonne grâce elle courut lui préparer une ponce de vin de gingembre qui le réchaufferait sans lui faire de dommage.

Didace le taquina sur son empressement à fréquenter Amanda :

— Dans mon temps, quand j’allais voir les