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Page:Guèvremont - Le survenant, 1945.djvu/153

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LE SURVENANT

— Il manquerait plus que ça, si tu les faisais pas. Je te renierais ben à tout jamais. Je veux dire habillé de même dans ton butin de tous les jours. T’as presquement plus formance de monde.

— L’habillement a pas une grosse importance quant à moi. Mais si je te fais honte, la Noire, je peux ben continuer mon chemin.

— Raisonne donc pas en Survenant de même. Tu sais que tu passes en travers de ton linge. T’en faut du neuf, je t’y fais penser.

— Je saurais jamais me gagner assez d’argent d’icitte à ce temps-là.

— Comme de raison, je parle pas de t’habiller en neuf des pieds à la tête, mais un peu plus richement. Si j’étais que de toi, je chasserais le rat d’eau, ce printemps. Je peux te prêter des pièges et Z’Yeux-ronds est un vrai chien à rats. L’eau va monter d’un moment à l’autre. À part d’être ben malchanceux, tu peux te ramasser une couple de cents belles peaux. Même supposé que tu partages avec le père Didace, ça te laissera encore un fort montant.

— Comment c’est que les peaux peuvent valoir ?

— De sept à douze cents. Puis j’accommoderai la chair que je vendrai au marché.

À la fin de chaque semaine, Angélina tenait éventaire au marché de Sorel. Nulle femme ne savait mieux qu’elle apprêter le rat d’eau, la graisse de