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LE SURVENANT

baie. Quoique tout mouillé, vitement il travailla à se faire une petite cache. Des canards passèrent à une belle portée. Mais le fusil avait senti l’eau et ne partit pas du premier coup. Venant attendit. Bientôt une autre bande se jeta tout proche. Il tira un canard à l’eau, puis en descendit deux au vol. Mais il n’avait tué qu’un rat à la patte rongée.

Voyant la triste chasse, le père Didace sourit.

— Il est peut-être trop de bonne heure, observa Venant.

— Voyons donc ! J’ai connu des années, où on chassait le rat, après des coups de pluie, dans le mois de janvier, avant le temps permis comme de raison. La fourrure avait moins de prix, c’est vrai, parce que l’animal n’était pas de saison. Mais la chair était aussi bonne. Demain, j’irai te montrer la vraie manière.

Sur la fin de l’après-midi Z’Yeux-ronds rechigna de façon inaccoutumée à la porte. Amable alla ouvrir. Le chien, le nez levé, attendait à côté de deux superbes rats d’eau qu’il avait rapportés dans sa gueule.

Amable, fier d’avoir sa revanche sur le Survenant, dit à son père :

— Perdez pas votre temps à lui enseigner la chasse : il aura seulement à prendre ses leçons de Z’Yeux-ronds.