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Page:Guèvremont - Le survenant, 1945.djvu/235

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LE SURVENANT

Une bouffée de chaleur éclata au cœur d’Alphonsine et lui fit monter la rougeur au visage, à la honte de ne pas être une bonne femme de maison et à la fierté de s’entendre honorer, par son beau-père, de ce nom de Beauchemin qu’il ne lui donnait jamais. Peut-être savait-il qu’elle attendait un enfant ? Un moment elle oublia le départ du Survenant, pour ne songer qu’à l’enfant en son sein, un garçon sûrement. Quand elle aurait donné à la famille un Didace de plus, elle saurait bien prendre sa place dans la belle confrérie des dames Beauchemin.

* * *

Plusieurs jours passèrent et ni Venant, ni Z’Yeux-ronds ne reparurent au Chenal du Moine.

— Je l’ai toujours dit qu’ils faisaient la belle paire tous les deux, observa Amable qui trouvait la chose drôle.

Il fallut bien admettre que le Survenant était parti pour de bon. Quelques jeunesses se vantèrent à la ronde de perdre ainsi de jolies sommes. Angélina reçut le coup en plein cœur, mais sans une plainte extérieure. On s’étonna même de ne pas entendre une seule parole d’amertume sur ses lèvres. Un matin son père s’en fut au nord, visiter des parents.