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Page:Guèvremont - Le survenant, 1945.djvu/47

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Didace ne cherchait plus à s’éloigner de la maison. Tous les soirs, depuis l’arrivée de Venant, la cuisine s’emplissait. De l’un à l’autre ils finirent par y former une jolie assemblée. Ce fut d’abord Jacob Salvail qui entra en passant, avec sa fille Bernadette. Puis vinrent les trois fils à De-Froi. Bientôt on vit arriver la maîtresse d’école Rose-de-Lima Bibeau entraînant à sa suite deux des quatre demoiselles Provençal. Et tous les autres du voisinage firent en sorte d’y aller à leur tour. Curieux d’entendre ce que le Survenant pouvait raconter du vaste monde, les gens du Chenal accouraient chez les Beauchemin. Pour eux, sauf quelques navigateurs, le pays tenait tout entier entre Sorel, les deux villages du nord, Yamachiche et Maskinongé, puis le lac Saint-Pierre et la baie de Lavallière et Yamaska, à la limite de leurs terres.

Sans même attendre l’invitation, chacun prenait place sur le banc de table ou sur une chaise droite. Outre le fauteuil du chef de famille et la chaise berçante d’Amable sur lesquels nul n’osait s’asseoir, il y avait une dizaine de chaises, droites et basses, les plus anciennes taillées au couteau, à fond de babiche tressée et au dossier faiblement affaissé par l’usage ; les autres cannées d’éclisses de frêne ; toutes adossées au mur.