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Page:Guèvremont - Le survenant, 1945.djvu/68

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LE SURVENANT

des chimères du Survenant fût plus fort que lui, il ajouta :

— C’est rien, ça : t’aurais dû voir les chasses d’autrefois quand on rapportait les canards à plein canot.

Tout de même fier de son coup et fort content d’étonner le Survenant, il lui cria, les épaules secouées de gros rire, en escaladant le raidillon :

— En tout cas, si tu veux te rincer l’œil, Survenant, t’en auras toujours pour ta peine.

À la vue de la chasse, Alphonsine se prit la tête à deux mains :

— Journée de la vie !

Tant de canards à plumer, flamber, vider. Tant de plume à éduveter. Et les poux de canard qui vous courent par tout le corps. L’odeur des abattis lui faisait lever le cœur.

Découragée et frissonnant de dédain, elle dit à Amable :

— Au moins, tâche d’obtenir de ton père qu’il les vende tout habillés.

* * *

Deux ou trois jours plus tard un immense volier d’outardes traversa la barre pourpre du soleil couchant. Sagaces et intrépides, elles allaient demander