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MARIE-DIDACE

— Il bégaya, les traits tirés :

— Je voulais leur faire une bonne… peur… C’est… tout.

— Non, dit Phonsine, décidée. À présent que tu leur as dit que tu partais, pars. Autrement, il y aura p’us de vie possible pour nous deux dans la maison. Puis, tu verras, ton père sera le premier à te faire demander. Les sucres vont commencer. Va-t-en à Sorel. Tu peux t’engager.

— Puis, si je trouve pas ?

— Ah ! tu trouveras ben… Même si tu restais quelques jours à rien faire, ça vaudrait mieux que d’être icite à te laisser maganner.

Quelques hardes entassées au fond du paqueton, en poche l’argent provenant de la vente des œufs plus les économies que Phonsine cachait dans un sucrier cassé, et Amable fut prêt. Mais il ne se décidait pas à quitter la maison. Phonsine, énervée de le voir traîner d’une chaise à l’autre, aller à l’armoire, fureter dans les tiroirs, ne cessait de l’exhorter à s’en aller :

— Pars, pars vite, Amable, je t’en prie, avant que les vieux reparaissent !

Une lueur méchante jaunit le regard d’Amable :

— T’as donc ben hâte ! J’vas finir par craire qu’il a du vrai dans ce que l’Autre a dit à propos de toi et de…