— Il y a pas de mystère là-dedans, dit Laure Provençal, c’est toi avec tes grand’mains.
L’Acayenne aussi voulut s’en aller. Laure insista pour la garder.
— Restez, qu’on parle ! Tantôt je vous payerai la traite.
— Attends-moi, dit Phonsine à Angélina qui attachait les cordons de son tablier, après en avoir secoué toute trace de farine.
L’infirme, comme si elle n’eût rien entendu, alla droit à l’Acayenne. Tout haut, afin que chacune la comprît, elle lui demanda :
— Si vous voulez, à soir, on fera route ensemble, nous deux ?
— C’est bon, dit l’Acayenne.
Les femmes, étonnées, regardèrent Phonsine à la dérobée. « Pourvu qu’il neige pas demain, dit l’une d’elles en entr’ouvrant la porte. La lune vous a un de ces grands cernes… »
Le cœur navré, Phonsine vit l’Acayenne et Angélina partir ensemble. L’Acayenne et Angélina bras-dessus, bras-dessous ! Chaque jour la belle-mère lui rognait quelques-unes de ses possessions : aujourd’hui, l’amitié d’Angélina ; demain, ça serait autre chose. « Avant longtemps, se dit-elle, il nous restera plus rien, à Amable et à moi, ni personne pour prendre notre part. »