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MARIE-DIDACE

— Demain, dit le père Didace, si le doux temps se maintient, on devrait commencer à entailler pour faire les sucres.

Comme Amable se taisait, il demanda :

— T’as compris ?

— Ouais, répondit Amable. Puis le petit pot sur la table, qui c’qui le remplit de sirop d’érable ? La commode dans le coin !

— Quoi, la commode dans le coin ? Tu déparles ?

Lorsqu’Amable fut sorti, l’Acayenne demanda à son mari :

— Tu penses pas qu’il est parti pour tout de bon ?

— Faudrait pas connaître les gars de par chez nous. Ils partent pour mettre le feu aux quatre coins du monde, mais au bout de deux jours, ils reviennent chercher leur étoupe par icitte.

Didace haletait.

— Tu pompes ben, le mien ? lui dit l’Acayenne.

Didace, les yeux fermés, fit simplement une moue d’indifférence. Mais en lui un voile se déchirait : cette douleur qu’il feignait d’ignorer, il ne la reconnaissait que trop. Elle l’avait déjà visité. Il resta ainsi immobile jusqu’à ce qu’elle se fût éloignée. Une fois soulagé, il appela :

— La Blanche !

L’Acayenne tressauta :