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MARIE-DIDACE

Didace, à être plus attentif, au moment de son second mariage.

La maison luisait de propreté. Il avait une table garnie de bon manger, des habits propres et rapiécés à point. Mais il ne suffit pas à une vraie femme que l’ordre règne autour des meubles et dans la nourriture, il faut encore qu’il règne sur les esprits. Autrement, la maison penche.

Les femmes qui possédaient le don de faire régner les deux étaient donc bien rares ? Sa mère, la première, l’avait eu. Puis ses sœurs. Mathilde aussi, sûrement. Ensuite, Marie-Amanda. Mais elle était mariée. Une fille mariée, c’est une branche qui s’échappe de l’arbre pour prendre racine plus loin. Elle avait traversé la Grand’rivière pour vivre à l’Île de Grâce et devenir Aubuchon. Vrai, quand elle arrivait au Chenal, elle se retrouvait Beauchemin comme devant. Seulement, le dimanche, à Sainte-Anne, à la messe, quand les habitants de l’Île de Grâce, après avoir échangé contre des bottines plus fines leurs bottes qu’ils déposaient sous un perron, se rendaient à l’église, en bande à part, Marie-Amanda se tenait avec eux, ses gens ; elle se contentait de sourire de loin à ses connaissances et à sa parenté du Chenal du Moine.

L’Acayenne avait-elle le don ? Didace fit signe que non. Mais personne ne le saurait. Quand un