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MARIE-DIDACE

chée à la fenêtre, elle vit le père Didace incliné, des clous à la bouche. Il devait réparer quelque pièce de rechange pour un instrument aratoire. Il passait et repassait sa main sur le bois comme pour en adoucir le grain. Subitement il s’en écarta, découvrant à la vue le ber, l’ancien ber des Beauchemin, qu’il avait descendu du grenier.

Il n’avait donc plus de rancune contre Amable et Phonsine ? Elle qui croyait qu’il les avait pris en aversion.

Didace l’aperçut. Son premier mouvement fut de dérober le ber, mais il le laissa en place. Après avoir éteint la lanterne du fournil, il s’avança vers la maison. Phonsine tremblait comme une feuille. Elle eût voulu se jeter à genoux, se confesser à lui, obtenir son pardon.

— Mon beau-père, commença-t-elle…

Mais Didace l’arrêta. Des larmoyages, des renotages, il n’en voulait point. Chacun avait assez de ses fautes qu’il portait à morte charge. Au lieu de ça, il lui dit :

— J’ai pensé à une chose, ma fille. Demain, grêye-toi de chaud matin. On ira voir ce qui se passe à Sorel.