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MARIE-DIDACE

seul. Il se pencha au-dessus du ber, une première fois d’abord. Puis, une deuxième, pour plus de certitude. Il se frotta les yeux. Un gros nœud se formait dans sa gorge. Mais oui, l’enfant avait le front bas, volontaire, des Beauchemin, avec les cheveux noirs et drus, et le nez large, incomparable pour prendre l’erre de vent. Comme lui ! À son image, elle était de la race !

À pas feutrés, sur ses chaussons, il avança dans la chambre. Chacun de ses pas résonna, comme des coups de marteau, aux tempes de Phonsine. Elle vit trois têtes d’homme, dans la porte, puis deux, puis elle reconnut le père Didace et se mit à trembler. S’il lui reprochait de lui avoir donné une fille au lieu d’un garçon ? Ou s’il lui demandait d’être debout, pour accueillir le compérage ?

— J’aurai jamais la force, pensa-t-elle.

Didace avait posé la main sur le pied de la couchette. Phonsine eut le vertige. Tout tangua dans la chambre.

— Phonsine, dors-tu ?

Elle fit signe que non. À grand’peine, elle parvint à formuler deux syllabes : A-mab- ?

Où est Amable ? On lui cache la vérité. Elle a entendu les femmes parler à voix basse, dans la cuisine. Et on a fait demander Marie-Amanda.

Dans un sursaut d’orgueil, Didace se redressa. Il