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MARIE-DIDACE

y a une loi pour tout dans le monde : une pour le temps, une pour les plantes, une pour la famille. Seul le maître, et non le fils, doit commander dans la maison. Amable n’avait qu’à obéir.

— Je suis son père, dit-il, la tête haute.

Dans la cuisine la petite geignit, la petite avec le front bas, volontaire, avec le nez large des Beauchemin. Alors pour courir au plus tôt consoler l’enfant, il voulut se hâter de tout dire, mais les mots lui déchiraient la gorge. Le gros nœud se reformait plus serré.

— Aujourd’hui, ma fille, tu vas faire baptiser. Mais j’y serai pas. Plus tard tu sauras pourquoi. Prends pas d’inquiétude pour ça. Dans notre famille, tu le sais, le plus vieux s’est toujours appelé Didace. Pour ben faire, c’te petite-là, faudrait l’appeler comme moi, comme Amable-Didace, comme tous les autres Didace.

Sa voix mourut :

— Appelle-la Didace, Didace. T’entends, Phonsine ?

Phonsine essaya de répéter le nom après lui, comme pour prêter serment : « Didace… Marie-Didace ». Mais elle n’y parvint pas.

En signe de vie, elle mit toutes ses forces à soulever un peu la main. Puis, impuissante, elle la