Soudain, essoufflée, elle s’arrêta et leva la tête. Les liards, aux feuilles lisses et soyeuses, bruissaient. Sur la branche maîtresse, un étourneau appelait. Un goglu, plastron blanc, dos lustré, s’envola. Partout, d’un arbre à l’autre, les oiseaux s’affairaient, chacun à son nid.
Plutôt que de passer par la barrière ouverte, Marie-Didace enfila avec difficulté la clôture entre les fils de fer. Une mèche de ses cheveux y resta accrochée. Sur la route, tout près, un léger attroupement se formait. L’enfant y courut, ses pieds nus faisant lever, par plaisir, le plus de poussière possible.
Le dernier coup d’eau avait noyé les terres. Le bas du Chenal du Moine était inondé. Depuis son mariage avec Bernadette Salvail, Odilon Provençal s’y était établi, en attendant de posséder le vieux bien paternel. Les propriétaires devaient laisser errer les animaux, qu’ils ne pouvaient encore mettre en pacage sur la commune, afin de permettre aux bêtes de chercher leur vie.
Odilon Provençal accourait, une poche à la main. Sa femme le suivait. Apercevant leur fils Tit-Côme, elle se mit à crier :
— Éloigne les enfants. Éloigne Tit-Côme, qu’il ait pas connaissance de rien.