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MARIE-DIDACE

— C’est-il le canot que le Survenant t’avait fait que tu répares là ?

— Le même. Avant qu’une branche vinssît tomber dessus, il avait pas un brin de mal. Il était comme flambant neuf. Heureusement qu’elle a tombé dret sur la pince, là où est la force.

— En effet, reprit Provençal, comme il se préparait à partir ; j’ai vu sur la gazette le portrait d’un gars qui ressemblait ben gros à ton Survenant. Mais ça peut pas être lui, parce qu’il était costumé en soldat.

Didace ne broncha pas. Longtemps il avait espéré, et craint à la fois, le retour du Survenant, parce qu’en revenant au Chenal du Moine, malgré la joie que le père Didace en eût éprouvée spontanément, le grand-dieu-des-routes aurait triché.

— Marche te coucher ! cria soudain Didace, au chien des Provençal qui harcelait Z’Yeux-ronds, haletant, la langue sortie.

— Ton chien est pas raisonnable, Gros-Gras. Il est toujours rendu icite à faire la loi au mien. Tu sais comment c’est que ce pauvre Z’Yeux-ronds était de quart, puis travaillant, quand il était plus jeune. Aujourd’hui, il a p’us la force. Si ton maudit jappeux continue, j’vas me grèyer d’un chien, son garçon à lui — montrant Z’Yeux-ronds — il est en