Page:Guèvremont - Marie-Didace, 1947.djvu/222

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
222
MARIE-DIDACE

— Ils me l’ont offert, mais, des fois que vous auriez voulu vous donner quelque défaite… je savais pas…

L’Acayenne planta la fourche en terre.

— Tu vois ? dit-elle au père Didace. Si t’étais pas tant tête-de-pioche et si tu consentais à faire venir le garçon de mon Varieur, t’aurais de l’aide et tu serais libre de chasser comme t’aimerais.

Elle ne perdait jamais une occasion de faire valoir les avantages que la présence du fils Varieur apporterait à chacun. La conscription lui fournissait un argument précieux.

Mais le père Didace y restait insensible. Sans répondre il conduisit les chevaux à l’ombre des jeunes planes. Déjà les feuilles pâlissaient. À leur déclin, elles perdaient le vert altier du plein été. Il commença à dételer. Quand l’Acayenne s’en aperçut, il achevait.

— Tu peux pas laisser la pièce à moitié fauchée ? Le temps est chargé, on va avoir de l’orage. Regarde : il se forme une peau sur le firmament, au nord.

Didace rangea en silence la faucheuse mécanique. La faux miroita au soleil, à travers la feuillée. Il plaça un tapon de paille sur le siège. L’Acayenne, d’une voix irritée, reprit :