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MARIE-DIDACE

— … Mais j’aime pas le cœur de cette femme-là. C’est un cœur mou !

— Qui c’est qui en a soin ? Elle est pas toute seule ?

— Non, les femmes se sont cotisées pour la soigner, en t’attendant.

— Elle souffre-ti, pensez-vous ?

— Elle a dû souffrir, avant que j’arrive.

— Et j’étais pas là. La tricheuse !

Le docteur, étonné, regarda Phonsine.

— En tout cas je lui ai laissé des remèdes à prendre. Mais… Il se reprit pour insister davantage. Mais… faudra la surveiller, ne pas la laisser manger. Elle a beau dire qu’elle ne mange pas, tu sais je la connais, c’est une grosse mangeuse. Elle n’est pas grasse de rien…

— Si elle mangeait, elle souffrirait-ti ? demanda encore Phonsine.

Cette fois, le docteur l’examina plus attentivement.

— Regarde-moi donc droit dans les yeux.

Il s’inclina, le corps à demi projeté hors de la voiture et prit le bras de Phonsine, l’obligeant à se tourner vers lui. La pupille de l’œil lui parut se dilater, puis se rétrécir de façon anormale. Mais la lumière du jour déclinait rapidement. Une brume se formait et il n’y voyait pas bien.