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Page:Guèvremont - Marie-Didace, 1947.djvu/68

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MARIE-DIDACE

— Quel prix, le coupon ? demanda Phonsine.

— Bon marché… pas cher… pour rien…

— Combien ? questionna Phonsine.

— Il étendit une main en repliant le pouce, comme s’il ne pouvait compter sans l’aide de ses doigts :

— Quatre piastres, quatre, des piastres.

La jeune femme y renonça. Sa dernière robe ne datait que de trois mois et elle ne voulait point révéler à son beau-père son état de grossesse.

Les voisines remirent leurs emplettes au lendemain. Le colporteur arrêterait à leur maison. Déjà elles avaient échangé avec lui des œillades complices au sujet de tel ou tel article qu’elles voulaient se réserver.

Zarovitch coucha chez les Beauchemin. Le lendemain matin, après le déjeuner, il s’apprêta à partir. Phonsine le regarda replacer la marchandise dans les ballots : un monde de merveilles à ses yeux. Elle n’avait acheté qu’un peigne rond de corne rose, une inutilité, pensa Didace, et un coupon de finette qu’elle destinait à son trousseau de bébé.

Au bras de l’Acayenne luisait le coupon d’alpaca noisette qui miroitait or.

— Vous, l’Autre ! cria Phonsine — dans sa surprise le nom lui avait échappé — vous oubliez de remettre le coupon au peddleur.