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MARIE-DIDACE

— Rappelez-vous…

Pierre-Côme cherchait ses mots. On sentait qu’il parlait surtout pour chasser la gêne qui s’était emparée de chacun.

— Rappelez-vous l’automne qu’on a perdu deux vaches sur la commune. On n’a retrouvé que leur carcasse, au printemps suivant.

Le lendemain, les hommes, par équipes de deux, recommencèrent la poursuite de l’animal. Joinville Provençal et le père Didace se tenaient courbés, au guet, près d’un buisson branchu. Ils entendirent au loin le galop du cheval en liberté qui se rapprochait rapidement. Il s’arrêta près d’eux. La crinière au vent et les narines dilatées, le Blond hennit, son corps ferme, au poil luisant, vibrant du poitrail à la croupe.

— Savez-vous à qui c’est qu’il me fait penser ? demanda Joinville.

Didace se contenta de hausser les épaules.

— À votre Survenant, quand il…

— Aïe, neveurmagne ! cria Didace, mécontent.

Au son des voix, le cheval reprit à galoper, faisant voler des mottes de terre sur son chemin.

— Tu vois ? dit le père Didace… On a manqué notre chance de l’attraper, par ta faute…

Mais Didace se tut. Debout, le sang aux tempes,