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MARIE-DIDACE

David Desmarais. Les plus habiles n’avaient pas réussi à le capturer. L’on tint conseil chez les Beauchemin afin de le cerner au plus tôt. Les plus vieux étaient d’avis de conduire sur l’Île du Moine soit des chevaux frais reposés qui, en courant, entraîneraient l’indocile avec eux, soit un cheval blanc doué du don de se faire suivre de ses semblables.

Les jeunes, eux, voulaient qu’on laissât le Blond à l’abandon pour quelques jours.

— Là, il a ni faim, ni fret. Il est pas blessé, dit Odilon. Mais attendez que les neiges prennent pour tout de bon. Il viendra ben se livrer sur le bord de la grève.

— Il peut toujours piocher sa nourriture et boire l’eau des marais, observa Amable.

Mais Angélina et les anciens ne l’entendaient pas ainsi :

— Pourquoi laisser une bête à pâtir pour rien ?

— Sans compter qu’elle s’abîmera les sabots sans bon sens.

— Le Blond va devenir farouche vrai !

— Mon Varieur, lui…

Le nom claqua dans la cuisine, comme un volet qui bat au vent. Tout le monde se tourna du côté de l’Acayenne. Mais sentant le blâme muet qui l’entourait, elle ne finit pas sa phrase.