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MARIE-DIDACE

— Faudrait pas qu’elle retiendrait de sa mère, la bonté en personne, si elle était pas donnante.

Laure Provençal cria à la face de Marie-Amanda, comme si elle l’invectivait d’injures :

— J’ai jamais vu une créature comme elle. Je jurerais qu’elle a pas tout ce qu’il lui faut, à l’Île de Grâce. Et jamais une graine de jalousie contre le prochain.

— Ah ! écoutez ! madame Provençal, faites-moi pas passer pour meilleure que je suis. Si je me mettais à jalouser tous ceux qui ont plus que nous autres, il y aurait gros de monde et ça me ferait trop d’ouvrage.

Comme on continuait à la louanger, elle se leva et fit semblant de s’emporter :

— Phonsine, donne-moi mon butin que je m’en retourne aussi raide !

— Quiens ! la v’là-ti qui s’emmalice à c’t’heure ?

— On l’a vantée trop vite.

— Elle serait pas Beauchemin si elle portait pas sa charge de mauvaiseté.

Les rires cliquetaient dans les gosiers.

* * *

— Le Survenant…

Qui eut le malheur de nommer le Survenant !