Page:Guèvremont - Marie-Didace, 1947.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
87
MARIE-DIDACE

manda Marie-Amanda, toujours la même tourloutte ?

— Comme tu vois, on pique, pour Lisabel.

— Ben oui, Lisabel qui se marie, j’ai su ça.

— Faut ben, dit Lisabel. Ça fait six mois francs que le Bon me fréquente.

Lorsqu’elle fut réchauffée, Marie-Amanda alla chercher des petits présents dans un sac : des noix longues pour les femmes de la maison, du tabac fort pour son père et des confitures de cerises de terre pour Angélina qui en raffolait.

— Quand c’est que t’auras rien à donner ? lui demanda Angélina en guise de remerciements.

— C’est vrai, Marie-Amanda arrive toujours les mains combles.

— Quoi c’est qui vous prend ? s’indigna Marie-Amanda. Un pot de confitures, quelques terrinées de noix longues, une torquette de tabac, c’est rien, j’appelle pas ça donner.

— Quoi c’est que t’appelles donner ? dit l’Acayenne.

— Donner ?

La belle figure de Marie-Amanda s’éclaira malicieusement d’un sourire. Elle pensait : « C’est de se priver de quoi qu’on aime pour en faire présent à quelqu’un qu’on n’aime pas. »